vendredi 14 décembre 2007

La caricature et la presse


Charlie Hebdo N° 808 - 12 décembre 2007

Présente dans la presse française depuis ses origines, la caricature politique et sociale est un genre à mi-chemin entre journalisme et dessin. La caricature de presse est à visée critique pour cela elle utilise l'exagération de certains traits physiques ou de caractères des personnes ou institutions visées, pouvant aboutir à la parodie.Dès les prémices de la Révolution de 1789, le Roi de France Louis XVI est souvent représenté par un cochon. Au début du XIXe siècle, le dessin politique devient une institution, grâce à l'expansion des journaux illustrés. Favorisés par l'instabilité du gouvernement français sujet à de nombreuses critiques, les emblématiques La Caricature et Le Charivari seront les premiers journaux satiriques français. Ils sont animés par deux grands caricaturistes français, Charles Philipon et Honoré Daumier. Du Roi Louis-Philipe notamment caricaturé avec une tête de poire pour symboliser sa mollesse bourgeoise à l'Empereur Napoléon III, travesti en ouvrier pour dénoncer sa politique, aucune personnalité n'est épargnée. Le journal L'Assiette au beurre (1901-1912), s'attaquera plus aux problèmes sociaux de son époque comme le colonialisme, les problèmes des hôpitaux psychiatriques ou même à l'alcoolisme. Cependant il sera qualifié de « brûlot Anarchiste » et sera donc censuré.Après la Première Guerre mondiale, le dessin de presse se multiplie dans les grands quotidiens, quelle que soit leur "couleur" politique. Le dessin en lui même sera simplifié, les dessinateurs abandonnent leur graphisme très travaillé pour un simple trait d'encre. Le précurseur de ce style est Grassier qui à débuté dans le journal L'Humanité, quotidien communiste français, avant de fonder le journal satirique Le Canard Enchaîné en 1915.La caricature de presse française explose dans les années 1960 avec les contestations de Mai 68, ce qui popularisera des journaux comme Charlie mensuel et Hara-Kiri mais leurs publications connaîtront diverses censures et saisies au cour de leur histoire, leur équipe est constituée d'une nouvelle vague de dessinateurs dont les graphismes "brouillons" choquent autant que les propos irrespectueux des articles.
Peu à peu chaque caricaturiste développe son propre genre de dessin, ainsi Cabu invente le personnage du "Beauf", représentant le Français moyen aux idées bornées, racistes et égoïstes tandis que Wolinski accumule les connotations sexuelles. Gébé et Siné sont antimilitaristes et anticléricaux et pour finir Willem d'origine Hollandaise (aujourd'hui au quotidien Libération) traque le dictateur en tout homme politique. Dans les années 1970 Plantu débute dans le quotidien Le Monde où il anime la Une depuis plus de vingt ans. Avec l'effervescence des éléctions politiques de 2007, nous avons pû remarquer une multiplication des articles satyriques dans la presse. Alors que la plupart des grands dessinateurs sont maintenant quinquagénaires, la relève des caticaturistes est pourtant assurée comme avec Jul qui chronique à la fois dans Charlie Hebdo et dans le quotidien économique les Echos.

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